On ne fait rien pour améliorer les conditions des transports publics. La situation empire de jour en jour et les projets destinés à apporter des débuts de réponse aux attentes des citoyens sont bloqués.
Le ministère du Transport et de la Logistique a décidé d’augmenter les tarifs pour les usagers à partir de l’été prochain. Apparemment, cette mesure n’a rien d’anormal. Elle serait, même, objective et souhaitée. Même si elle est impopulaire. Cela fait plus d’une décennie que les tarifs sont restés inchangés.
Toutefois, il faut remarquer, de prime abord, que ce secteur est, actuellement, en perte de vitesse. Il n’a jamais été autant négligé. Rien ne se fait plus dans les règles. Aucun programme de sauvetage n’a été entrepris et on constate que le bateau coule petit à petit devant les yeux de tout le monde sans qu’il y ait le moindre geste pour lui venir en aide. Pis encore, tout ce qui est entrepris va à l’encontre de ce qui doit être. La gestion de ce volet crucial est catastrophique sur tous les plans.
Gaspillage financier
Au lieu de s’intéresser aux besoins immédiats des utilisateurs, on se contente de petites retouches par ci, par-là ou d’opérations engageant de grands moyens pour des résultats nuls au profit de l’amélioration des conditions de transport.
On en veut pour preuve ces nombreux travaux qui n’ont pas lieu d’être à l’heure actuelle et qui peuvent attendre des conditions financières plus propices. On pense, ici, à ces travaux dits de restauration et d’embellissement des stations de la ligne TGM. Les connaisseurs n’y voient aucun intérêt et jugent qu’il aurait fallu reporter à plus tard un tel projet qui aurait entraîné des dépenses inutiles qui auraient mieux servi ailleurs. Dans l’acquisition de nouvelles rames, par exemple. Justement, les travaux au niveau de ces stations ne sont pas aussi réussis qu’on veut nous le faire croire. Demandez à ceux qui connaissent bien cette ligne. La restauration n’a pas respecté, comme il faut, l’architecture ancienne. Des transformations ont été introduites et ont défiguré l’aspect des anciennes constructions. D’aucuns parlent d’argent jeté par les fenêtres et considèrent que ces dépenses ne sont que du gaspillage.
Il y a encore pire. D’autres activités, tout aussi incongrues et inappropriées dans la conjoncture économique actuelle (et qui sont à l’origine de beaucoup de suspicion), concernent les différentes stations du métro. Là, des équipements ont été placés en vue d’on ne sait quelle éventualité. Depuis plusieurs mois, des abris en plexiglas ont été ajoutés à des dizaines de stations ainsi que des dispositifs destinés, apparemment, à fixer des machines automatiques de tickets. Eh bien, tous ces équipements avec les câbles électriques, les éclairages, etc. ont été saccagés et il n’en reste presque plus rien. En outre, les bâtiments servant de guichets, mais qui ne sont pas exploités, sont pillés et vandalisés. Personne ne s’en soucie. N’est-ce pas l’argent du «beylic» ? Quelle utilité a poussé les responsables à mettre la charrue avant les bœufs ? Ne fallait-il pas prendre de telles dispositions qu’une fois le programme projeté est fin prêt ?
De plus, comment expliquer ce luxe superflu d’équiper certains bus de panneaux lumineux et de caméras ? Est-ce vraiment une urgence ? Il y a d’autres priorités que les responsables désignés à la tête de ce secteur ignorent ou relèguent au second plan de façon volontaire.
Il est temps de parer au plus pressé en laissant de côté tout ce qui peut ouvrir la voie à la corruption et à la dilapidation des fonds publics. Car, à bien y voir, on a l’impression que c’est, tout simplement, de la mauvaise gestion. Pour ne pas dire autre chose. En effet, ces travaux qu’on vient de citer sont cédés à des entreprises de sous-traitance. Et dans ces cas, on sait tous comment se déroulent les marchés. Dans tous les cas de figure, de telles actions ne sont pas justifiées et totalement inappropriées.
Ne parlons pas des reports sine die de plusieurs autres projets les uns plus urgents que les autres. On pense à l’extension de la ligne 6 du métro dont l’achèvement était prévu en … 2017. On pense, aussi, aux reports du démarrage des travaux du métro de Sfax ou à de nombreux autres projets bloqués pour des raisons inconnues. Quant à rêver d’un métro dans un gouvernorat de l’intérieur comme, à titre d’exemple, Gafsa, Jendouba, Kairouan, on peut parier que cette idée n’a jamais effleuré le moindre esprit de nos responsables ou décideurs.
Le RFR toujours et toujours
Il reste à soulever, de nouveau, la question du RFR dont tout le monde commence à désespérer. Personne n’est en mesure d’expliquer, de façon rationnelle, ces retards accumulés à tel point qu’on en vient à croire qu’il y a anguille sous roche et qu’il y a, quelque chose, quelque part, qui tire les ficelles. Pourtant, on nous avait annoncé, officiellement, que les premiers essais et tests techniques allaient commencer. Il y a de cela plusieurs mois. Une date du démarrage de la première ligne avait été avancée : octobre 2020 ! C’est le énième rendez-vous raté.
La conviction est que ce projet ne bénéficie d’aucune volonté politique et qu’il est devenu un mal chronique incurable pour les équipes en place. L’incapacité de trouver la solution radicale au projet suscite des interrogations légitimes. Comment l’Etat peut-il rester impuissant devant de tels blocages d’où qu’ils viennent? Peut-on encore patienter face à la situation urgente que connaît le secteur du transport? Un retard d’un an, de deux, de trois peut être compris. Mais au-delà de ces limites, il y a lieu de supposer des lobbies et des freins extérieurs. D’ailleurs toutes les supputations peuvent être envisagées tant qu’il n’y a pas de transparence. L’enjeu est de taille. Il y a des milliers de milliards en jeu. Et les convoitises sont grandes. Le démarrage de ce projet (ou à tout le moins le premier tronçon) semble devenir un rêve difficile à réaliser. Les futurs usagers n’y croient plus et rejettent les assurances officielles qu’on ne cesse de prodiguer à gauche et à droite. Ces usagers estiment qu’on s’est longtemps moqué d’eux et que les responsables actuels ne sont pas de taille à faire face aux défis des opposants qui agissent au profit de forces «occultes» qui n’ont pas intérêt à ce que le réseau du RFR voie le jour. Aussi pointe-t-on le lobby du privé (à tort ou à raison) qui ne verrait pas d’un bon œil la suppression de dessertes qui lui seraient «volées» par le RFR. Vrai ou faux, la question est là. Aux responsables, s’il en existe, d’apporter la réponse et de mener à bon port ce mégaprojet. Jusqu’ici, tous les ministres du transport, qui sont passés par là depuis une décennie, ont montré leur nullité et leur incapacité à trouver la moindre issue à ce problème dont les retombées économiques et sociales ne sont plus à démontrer. Nous pensons qu’il est temps de passer à une vitesse grand V pour parvenir à aplanir les dernières difficultés, à vaincre toutes les velléités de sabotage (s’il y en a) et de déceler tout ce qui pourrait se dresser face à la poursuite du programme. Une task force n’est pas de trop pour achever les divers travaux en suspens.
Tagorti
7 mars 2021 à 05:28
Vous parlez de Tunis et que dire du pont de Bizerte cela fait 10 ans qu’il aurait du être mis en service